BADE-WURTEMBERG

BADE-WURTEMBERG

BADE-WURTEMBERG

Comptant 10 002 000 habitants environ en 1992 pour 35 752 kilomètres carrés, le Land de Bade-Wurtemberg (en allemand Baden-Württemberg) est, dans ses structures socio-économiques, le plus représentatif des fondements actuels de l’économie ouest-allemande.

L’évolution politique du Land, assez complexe, s’explique par l’histoire. Au sein du Reich, trois États différents existaient sur l’étendue du Land actuel: le royaume de Wurtemberg (capitale Stuttgart), le grand-duché de Bade (capitale Karlsruhe) et, enclavée à l’intérieur du Wurtemberg, la petite province prussienne de Hohenzollern. Les deux premiers devinrent des länder sous la république de Weimar. À cette division méridienne du Sud-Ouest allemand, l’occupation alliée substitua en 1945 une division entre le Nord industriel, contrôlé par les Américains qui en firent le Land de Württemberg-Baden (capitale Stuttgart), et le Sud, laissé aux Français qui formèrent, d’une part, un État de Baden autour de Fribourg-en-Brisgau et, d’autre part, un Land de Württemberg-Hohenzollern gouverné depuis Tübingen. Un référendum en décembre 1951 aboutit, en 1952, à la réunion de l’ensemble en un Land de Bade-Wurtemberg (capitale Stuttgart) organisé en quatre Bezirke ou districts, héritiers de ce double clivage. Une réforme administrative, entrée en vigueur le 1^er janvier 1973, a supprimé l’ancien antagonisme entre Bade et Wurtemberg et a créé des cadres plus propres à l’aménagement régional, par la constitution des districts de Stuttgart, de Karlsruhe, de Fribourg et de Tübingen, divisés chacun en régions (Regionalverband ), comme celle du Moyen-Neckar (Mittlerer Neckar). Des régions naturelles, fortement contrastées, se succèdent d’ouest en est: la plaine de Bade, limitée par le Rhin, le massif de la Forêt-Noire, puis un ensemble avec alternance de dépressions en roche tendre (Neckarbecken, Baar) et de plateaux de roche dure qui dominent les premières par des côtes dont le front est ici tourné vers le nord-ouest. Des plateaux de grès très découpés donnent la forêt souabe (Schwäbischer Wald) à l’est de Stuttgart et de puissantes assises de calcaire portent à plus de 800 mètres (1 015 m au Lemberg) le Jura souabe (Schwäbischer Alb); ce plateau au climat rigoureux et aux sols peu fertiles contraste fortement avec l’avant-pays du Moyen-Neckar. Enfin, au sud-est de la vallée du Danube, la haute Souabe est un ensemble de collines morainiques en avant du lac de Constance et des Alpes. Outre ces contrastes naturels, d’autres éléments façonnent les paysages ruraux du Sud-Ouest allemand: l’opposition entre le nord-est du Land, de peuplement franconien (Franken) jusque dans la région de Heilbronn, et le sud, souabe et alémanique; les régimes successoraux différents (partage réel créateur de micropropriétés dans les plaines fertiles de Bade et du Moyen-Neckar d’une part, héritage «fermé» au profit d’un seul, générateur de plus grandes exploitations, en Forêt-Noire ou en haute Souabe d’autre part). Mais l’inégal développement de l’activité industrielle explique le plus directement les contrastes actuels dans les densités de population: plus de 300 habitants par kilomètre carré dans le Mittlerer Neckar autour de Stuttgart ou dans le nord de la plaine de Bade contre moins de 100 en haute Souabe ou, au nord-est, dans le cercle de la Tauber. Le plus remarquable, en Bade-Wurtemberg, est l’extraordinaire diffusion du fait industriel dans les petites villes et jusque dans les villages.

Le développement de l’industrie s’est en effet opéré, non pas sur la base de matières premières — les ressources sont insignifiantes — ni sur des facilités de circulation réunies sans doute en Bade, non en Wurtemberg, mais sur la base d’un solide esprit d’épargne et d’entreprise encouragé au XIX^e siècle par les instances politiques et religieuses. Une généralisation précoce de l’instruction publique et de l’enseignement technique, l’action des administrations et des caisses d’épargne ont favorisé la naissance de multiples entreprises du textile, des constructions mécaniques, puis électriques et automobiles, largement tournées vers la fabrication de biens d’équipement ainsi que vers les marchés d’exportation, faisant un très large appel aux travailleurs étrangers (la plus forte proportion observable en Allemagne); elles sont cependant placées plus ou moins dans l’orbite de quelques grandes firmes comme Daimler-Benz, Robert Bosch, S.E.L., Brown-Boveri, etc. Le Land de Bade-Wurtemberg (12 p. 100 de la population de l’Allemagne en 1992) possède un appareil industriel moins spectaculaire que celui de la Rhénanie-Westphalie mais celui-ci mieux fondu dans le paysage; le Bade-Wurtemberg est en fait le Land le plus industrialisé, si l’on prend comme critère la part des actifs du secteur secondaire dans la population active ou le niveau du produit intérieur brut par habitant.

Bade-Wurtemberg

Land d'Allemagne et région de la C.E., formé en 1951 par la réunion du pays de Bade et des Länder de Wurtemberg-Bade et de Wurtemberg-Hohenzollern; 35 750 km²; 9 350 000 hab.; cap. Stuttgart. Son agriculture intensive et sa puissante industrie font de ce Land l'une des régions les plus dynamiques d'Europe.

Encyclopédie Universelle. 2012.